mercredi 23 novembre 2011

De l’Urgence de promouvoir la Culture en Haïti
L’un des rares denrées encore exploitables au profit de la nation
2è partie
Prince Guetjens
Ctitique d’art
                                                                                 Haïti Liberté NY, 23 Nov. 2011
Vèvè de Grann Brijit
Comme j’ai eu à le mentionner dans la première partie     de cet article, aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes condamnés à avoir les coudées franches, ne serait-ce que pour sauver les meubles. Si nous voulons effectivement tirer le pays de l’impasse où il gît depuis plusieurs décennies, il est important de l’empêcher de sombrer totalement au cours de ces cinq prochaines années.
 Malgré la désapprobation et la colère, qui caractérisent les moindres de prises de position du monde intellectuel haïtien comme, c’est le cas, pour certains technocrates et professionnels, à l’avènement du nouveau président de la république, leurs « conseils, suggestions et connaissances » ne seront pas moins nécessaires à la sauvegarde de ce coin de terre qui est encore « nôtre ».
Il n’y a pas beaucoup d’alternatives pour une renaissance effective d’Haïti en dehors du retour aux sources prôné par Jean Price Mars dans Ainsi Parla l’Oncle actualisé, qui devrait bifurquer par une réappropriation de l’École par le peuple, dans l’optique de former des citoyens pour habiter, construire et aimer ce pays. Je parle surtout d’un retour sur les idées force d’avant 1806 qui préconisaient une Haïti pour tous les haïtiens sans distinction de couleur ou de classe. Le Ministère de la Culture et de la Communication est, de mon point de vue, l’outil idéal pour mener à bien ce rêve de refondation de la Nation.
Au cours de ces trente dernières années nous avions constaté l’échec du projet républicain des anciens libres de construire un pays dans les limites des grandes villes, particulièrement à  Port-au-Prince, en gardant les nouveaux libres (paysans et masses) dans ce qu’ils appellent péjorativement l’arrière-pays (l’en-dehors). Tous les services publics comme : l’Université, les hôpitaux, les impôts, l’immigration et autres étant confinés à la capitale, les habitants de toutes les régions du pays sont astreints à s’y rendre pour avoir ces services. C’est ce qui explique en partie qu’il y ait autant de morts lors de la catastrophe.
Cette démarche fondée sur l’exclusion a rendu définitivement l’âme, le jour où les paysans ont décidé à l’instigation de certains politiques de prendre d’assaut la capitale. Jusqu’au 12 janvier 2010 encore, chaque quartier résidentiel était ceinturé d’un ou plusieurs bidonvilles, aguerris, impatients, comme des hordes de combattants attendant un quelconque ordre pour passer à l’attaque.
Le rôle de la Culture étant de réconcilier un peuple avec lui-même, aujourd’hui nous devrions nous en servir pour tenter d’évacuer les préjugés que l’École dirigée par l’église depuis plus de 206 ans nous a inculqués, de colmater les fissures créées par l’usage de la langue française, utilisés par les élites davantage comme arme de  domination que comme moyen de communication.
Bain de Louverture Poisson
Ce comportement d’une classe sociale par rapport au reste du pays qui au fond est une séquelle de la longue période coloniale constitue l’un des obstacles infranchissables vers le développement du pays. Nos valeurs artistiques par le seul fait qu’elles s’inspirent de la culture de la majorité des haïtiens n’ont aucune importance aux yeux des élites, qui veulent mériter de l’appréciation des anciens esclavagistes du monde occidental.
 En cassant cette moule qui nous a appris le mépris de nos valeurs ancestrales, la honte de nos parents et de leur religion, le rejet de notre histoire, de nos héros, de nos mythes et de tout ce qui fait notre identité, nous pourrions revenir à nos habitus, condition sine qua non pour ne pas disparaître comme nation. Le reniement de sa culture est la première étape dans le processus de désintégration d’une communauté. C’est pourquoi en chaque société, elle est protégée, nourrie, entretenue, régénérée.
Pour avoir trop souvent confondu - réduit la culture à la seule expression de l’art, de l’artisanat et de la religion, qu’elle englobe avec d’autres disciplines en réalité, certaines gens ne pourront se retenir en lisant d’interroger à cause du contenu, le fait qu’un pareil article soit publié dans la page culturelle. Ainsi ils auront ignoré que l’homo sapiens ne s’accomplit en être pleinement humain que par et dans la culture. S’il y a des pré-cultures dans le monde animal, la culture, comportant un langage à double articulation, la présence de mythe, le développement des techniques, est proprement humaine (Edgar Morin).
L’un des éléments clefs dont la culture participe à l’élaboration est sans conteste la mentalité, qui se charge d’informer les différents paramètres telles les habitudes, les coutumes, les idées et les valeurs. Ce n’est pas un hasard si le capital humain premier est la culture. J’ai pris ce raccourci pour vous dire l’intérêt d’investir dans la promotion de ce denrée rare qui, à la fois, nous valorise et nous différencie par rapport aux autres peuples.


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