mercredi 14 septembre 2011

Regards Critiques

Copie Conforme : Entre le vrai et le factice
Un film du cinéaste iranien Abbas Kiarostami

Prince Guetjens  


                                                              à Isa, Sylvie, Béa et Dedette

      Au IFC Center Ciné, situé à la sortie west-4 du Subway à Manhattan, pour sa grande première à New York, la salle # 1 affichait le plein pour accueillir Copie Conforme le premier film à tempérament hollywoodien, du réalisateur Iranien Abbas Kiarostani.
premier role féminin Juliette Binoche
      Copie Conforme, c’est l’histoire d’une rencontre entre un écrivain (William Shimell) et une galeriste (Juliette Binoche) dans un petit village italien du sud de la Toscane. En tournée pour présenter son livre sur l’art et ses copies en Italie, il va se retrouver dans le sillage d’une femme extraordinairement intéressée à l’histoire de l’art, sensible à la capacité d’une œuvre d’art de permettre à un être ou une action d’accéder à l’immortalité, mais aussi une femme amoureuse prête à tout pour le garder auprès d’elle.
    C’est avant tout une histoire on ne peut plus banale entre un homme et une femme. Une histoire universelle qui pourrait se dérouler dans n’importe quel  endroit du globe et arriver à n’importe qui jusqu’au moment où, un regard jeté comme par hasard fasse déclencher la vague des sentiments. À partir de ce moment, le Rubicon était franchi, c’est une campagne de séduction qui prend place au fur et à mesure, conduite avec maestria par la galeriste qui ne néglige absolument rien pour convaincre l’écrivain de rester à ses côtés. 
William Shimell et Juliette Binoche
     Les deux tiers du film sont consacrés à un dialogue entre les deux protagonistes, dialogue qui se déplace d’un sujet à un autre mais toujours ponctué par des allusions amoureuses. Dans un premier temps, l’écrivain devait remplacer ce mari qui vient de partir après quinze ans de vie commune, avant d’accepter d’entrer dans le jeu de la mimesis. L’histoire se déroule en une journée et en un lieu. Le décor constitué du patrimoine culturel et artistique vraiment riche de cette petite ville d’Italie avec sa cathédrale, ses monuments, ses galeries et d’autres lieux exotiques offre un attrait tout à fait particulier au contenu.
      Abbas Kiarostami utilise ses matériaux dans une mise en scène où les spectateurs sont conviés à se balader dans un univers à plusieurs dimensions. Tantôt ils se retrouvent dans la trame d’un drame au second degré (le film), tantôt ils sont basculés dans un univers autre où les principaux acteurs sont tout aussi étrangers qu’eux. Cette manière de faire qui rappelle par trop le tableau d’abord inerte de Peter Greenaway qui devient animé, et à l’intérieur duquel une histoire va se dérouler pousse les spectateurs dans leurs dernières réserves en les incitant à remettre en question tout ce qu ‘ils croyaient savoir sur le cinéma. Mais à la seule différence dans Copie Conforme, l’histoire ne revient pas au deuxième degré avant la fin du film. Autrement dit, il n’y a pas de résolution. 
Le résalisteur Iranien Abbas Kiarostami
      Les spectateurs sont pour ainsi dire abandonnés à eux-mêmes dans une impasse située dans l’impasse principale sans aucune voie de sortie. Le réalisateur Abbas Kiarostami s’est risqué à jouer pendant les deux tiers du film de l’incertitude  d’une trame narrative avec des acteurs s’exprimant dans trois langues (Français, Anglais, Italien) indifféremment. Pour sa première expérience de tourner dans une langue autre que sa langue maternelle : le Farsi, il n’est pas parvenu pour autant à compromettre son style.
     Jeux d’acteurs parfait avec une meilleure présence pour Juliette Binoche, ce qui lui a valu le premier prix d’interprétation féminine au festival de cannes (2010). Éclairage parfait malgré le fait que certaines scènes sont pratiquement filmées dans une extrême pénombre, parfois au sous-sol d’une galerie ou dans une cathédrale. Copie Conforme vient de consacrer le cinéma Iranien sur la scène internationale.
      Copie Conforme est un drame d’1h 46 m, qu’il faut voir à tout prix.

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